Histoire

Des ingénieurs hautement qualifiés : le nouvel espoir pour la gestion des ressources en eau en Afghanistan Histoire

9 avril, 2019

Il y a 6 ans, lors de son premier stage dans le cadre d’un projet de barrage dans la région des bassins occidentaux de l’Afghanistan, Naser, qui était étudiant en génie civil à l’époque, a été étonné du fait que tous les ingénieurs des eaux étaient étrangers. Étant donné l’importance de l’eau propre pour ce pays enclavé, dont l’eau provient en majeure partie de la fonte des neiges des montagnes Hindou Kouch, où donc étaient les ingénieurs des eaux afghans? C’est à ce moment que Naser a décidé de se consacrer à la gestion des ressources en eau.

Reconstruire l’expertise nationale

Les trois dernières décennies de conflits— des invasions soviétiques aux invasions américaines— ont laissé une marque indélébile sur les institutions et les citoyens afghans, en particulier sur le système d’éducation. Beaucoup de gens ayant reçu une bonne éducation ont quitté le pays à cause de ces conflits. Depuis les années 80, un immense déficit d’information et de compétences s’est creusé, ce qui a empêché les ingénieurs du pays d’effectuer des analyses efficaces afin reconstruire l’infrastructure hydrique de l’Afghanistan. Cela a entraîné une trop grande dépendance à l’égard d’experts internationaux pour la mise en œuvre de projets en génie de l’eau et de l’irrigation, et créé de nouveaux obstacles à la durabilité de la gestion des ressources en eau, dans ce pays exposé à la sécheresse où 45 % des ménages ont de la difficulté à obtenir un approvisionnement fiable en eau propre.

Naser est maintenant conseiller technique auprès de la Société afghane d’approvisionnement en eau et d’assainissement en milieu urbain, à laquelle il offre des conseils sur la gestion des ressources en eau souterraine. Il fait partie d’une poignée d’ingénieurs hautement qualifiés en gestion de l’eau en Afghanistan. Il représente tout le potentiel de l’Afghanistan à mieux gérer ses ressources en eau, à reconstruire les infrastructures hydriques endommagées ou détruites par des années de guerre, à négocier des accords transfrontaliers de gestion concerté des ressources en eau avec les pays voisins et à s’adapter aux effets des changements climatiques.

Briser la dépendance au savoir-faire extérieur grâce à l’éducation

Naser est l’un des trente étudiants qui ont terminé une maîtrise en gestion des ressources en eau au Asian Institute of Technology (AIT), en Thaïlande, financée par la Banque asiatique de développement dans le cadre du project Renforcement des capacités de gestion des ressources en eau des bassins occidentaux. Le projet, mis en œuvre par Cowater en collaboration avec le ministère de l’Énergie et de l’Eau, visait à accroître la capacité des ingénieurs et des professionnels connexes dans la région des bassins occidentaux de l’Afghanistan. En tant qu’institution majeure axée sur la recherche postuniversitaire et la promotion de changements technologiques et du développement durable dans la région de l’Asie-Pacifique, l’AIT a été choisi pour la qualité de ses cours et leur pertinence quant à la gestion des ressources en eau de l’Afghanistan.

Dans le cadre d’un processus de recrutement concurrentiel, trente ingénieurs en début et en milieu de carrière, ainsi que des professionnels connexes du ministère de l’Énergie et de l’Eau et de l’université de Hérat (la principale faculté de gestion des ressources en eau de l’Afghanistan), ont été choisis. Cette maîtrise visait à renforcer leurs compétences professionnelles, et à améliorer la gestion technique et administrative des ressources hydriques et agricoles dans la région des bassins occidentaux de l’Afghanistan.

Le recrutement des étudiants était basé sur leurs compétences universitaires, leur expérience de travail en génie et leur engagement à obtenir un diplôme d’études supérieures en génie de la gestion des eaux. En tout, six femmes et 24 hommes ont été choisis pour participer. Le problème de l’inégalité entre les sexes en Afghanistan a été pris en compte, où la participation des femmes dans le domaine du génie est beaucoup plus basse et où des contraintes sociales limitent grandement leurs mouvements.

L’une de ces femmes était Maryam, une ingénieure nouvellement diplômée et née sous le régime taliban, qui interdisait aux filles et aux femmes d’aller à l’école. Elle a fait ses premières années d’études dans des écoles clandestines pour filles, ce qui ne l’a pas empêchée de terminer son baccalauréat en génie civil à l’université de Hérat. Elle voulait fermement obtenir une maîtrise en gestion des ressources en eau et a passé le concours de recruitement avec brio.

Dans le cadre d’études faites dans un nouvel environnement, il était très important que les étudiantes puissent suivre le même programme que les hommes. Les besoins des étudiantes qui ont décidé d’emmener leurs jeunes enfants ont été pris en considération, et on leur a offert des services de garde pour leur permettre d’assister aux cours et d’étudier aussi librement que les hommes.

Grâce à cet environnement favorable, les étudiants ont bien réussi ce programme compétitif et exigeant. Au début, Maryam s’est mis beaucoup de pression pour réussir. Venant d’un milieu où elle n’avait jamais été en contact avec une telle diversité d’étudiants, elle ne se sentait pas à la hauteur de ses camarades de classe. Peu à peu, elle a surmonté ce manque de confiance en ses capacités. Ses efforts ont porté fruit, puisqu’elle a été l’une des rares étudiantes choisies pour un stage de l’UNESCO à Bangkok.

Une expérience enrichissante

Au cours de conférences et de visites sur le terrain, les étudiants ont été exposés à des solutions afin de résoudre différents défis dans la gestion des ressources en eau. Pour Naser, la partie la plus intéressante du programme a été d’être exposé à plusieurs mentalités et façons de trouver des solutions : « Maintenant que je suis de retour dans mon pays, quand j’essaie de résoudre des problèmes, je pense à ce que d’autres personnes font dans leur pays pour s’attaquer au même défi, et j’adapte cela aux besoins que nous avons ici. »

Les trente étudiants ont obtenu leur diplôme et sont retournés en Afghanistan; un taux de réussite de 100 %. Durant le premier mois suivant son retour, Maryam a obtenu un poste au conseil de recherche du Ministère de l’Énergie et de l’Eau, où elle est maintenant chargée de la modélisation et des rapports hydrologiques. À son avis, l’obtention d’une maîtrise lui a non seulement été essentielle pour obtenir cet emploi. Cela lui a aussi permis de comprendre l’impact que peut avoir le fait d’être une femme dans le domaine de la gestion des ressources en eau en Afghanistan. Elle est fière d’être un exemple pour d’autres jeunes femmes et de contribuer à l’accroissement des connaissances en matière de gestion de l’eau en Afghanistan.

Pour Naser, il était important de retourner en Afghanistan : « Je suis revenu et j’espère faire de ce pays un meilleur endroit où vivre. » Comme Maryam, il espère que l’Afghanistan pourra résoudre ses problèmes liés à la gestion des ressources en eau et gérer ces ressources sans trop compter sur des experts étrangers. Le projet pourrait contribuer à concrétiser l’espoir de Naser et Maryam : six étudiants du programme sont retournés à l’université de Hérat à titre de bénévoles. Ils préparent l’ouverture du nouveau département de Génie et gestion des ressources en eau. Cela renforcera ainsi la faculté de l’université en gestion de l’eau et contribuera à ce que la prochaine génération d’ingénieurs des eaux afghans soit chargée de réaliser des projets nationaux.


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