Histoire

À travers les yeux des femmes : réformer le système des impôts du Mali Histoire

8 mars, 2018

Le Mali est l’un des pays les plus pauvres du monde et se voit confronté à de nombreuses contraintes sociales et économiques. Une réforme du système des impôts a débuté en 1999,améliorant les finances publiques du pays et permettant au gouvernement de fournir de meilleurs services à ses diverses communautés. Trois femmes contribuant à cette réforme partagent leur expérience.

Le Mali, situé en Afrique de l’Ouest, est un pays enclavé connu pour sa ville historique de Tombouctou, son vaste désert au nord, ses nombreuses ressources en or et en sel, ainsi que la diversité et la gentillesse de ses habitants. Cependant, malgré ce riche patrimoine, le Mali est l’un des pays les plus pauvres du monde. Dans ce contexte, le gouvernement du Mali et Cowater (au nom du gouvernement du Canada) travaillent ensemble depuis 1999 pour réformer les finances publiques du pays. L’objectif est d’accroître les recettes intérieures afin de permettre des dépenses gouvernementales essentielles, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Les travaux conjoints, effectués dans le cadre des phases I et II du projet d’Appui à la mobilisation des recettes intérieures (PAMORI I et II), ont permis à la Direction Générale des Impôts (DGI), entre 2001 et 2017, d’augmenter ses recettes de 110 milliards à plus de 800 milliards FCFA.

Surmonter les défis

Au cœur de ce succès, quelques-uns des homologues gouvernementaux se sont démarqués par leur dévouement exceptionnel à la transformation de leur organisation ainsi que par leurs réalisations personnelles. Dans un monde où les finances publiques demeurent un métier typiquement masculin, trois femmes ont eu un impact particulier sur le succès de la DGI à atteindre ses objectifs de revenus. Ces femmes, Assanatou Bouare Sow, Chef de la division Organisation et Méthodes, Bérou Dicko, Vérificateur, division Recherche et Vérification (DID) et Zaliatou Diarra Coulibaly, Chef de la Cellule Communication, ont chacune surmonté des défis personnels ainsi que professionnels, et sont maintenant reconnues comme des leaders au sein de l’organisation.

Travailler plus fort pour la reconnaissance

Dès ses débuts professionnels, Zaliatou Coulibaly a dû prendre en charge sa carrière après s’être fait dire par son directeur qu’elle ne pouvait pas, en tant que femme, espérer occuper un poste d’administrateur public. Elle a donc demandé et obtenu un transfert à la DGI. Une fois intégrée, elle a déposé sa candidature pour suivre un programme de formation organisé dans le cadre du PAMORI I, menant à un diplôme d’Études supérieures spécialisées en management des organisations publiques (DESS). Cette formation lui a permis de développer ses habiletés de gestion, de confirmer son engagement et d’être reconnue dans l’organisation. Au terme de cette formation, elle a été la première à occuper le nouveau poste de Sous-Directeur Organisation et Contrôle des services.

Depuis l’obtention de ce diplôme, madame Coulibaly n’a jamais regretté son choix de carrière. « Être une femme dans ce type de profession – en fait dans toutes les professions – n’est pas facile. Vous devez avoir confiance en vous et en vos capacités, et avoir l’audace de surmonter les stéréotypes. Chaque jour, j’ai travaillé dur pour développer mes compétences et générer des opportunités. J’ai réussi à développer mes habiletés à un point où il n’était plus possible d’ignorer ma contribution ».

Similairement, en 2001, Assanatou Bouare Sow était l’une des six femmes, sur un total de 25 participants, à suivre le programme d’Études supérieures spécialisées en management des organisations publiques (DESS). Sa détermination à réussir et à progresser dans sa carrière a favorisé sa nomination en 2006, en tant que personne ressource auprès du PAMORI I. Formée et appuyée tout au long du processus par l’équipe du PAMORI I et II, madame Sow a contribué activement au déploiement du nouveau logiciel d’administration fiscale SIGTAS et SIGTAS 3.0. « Le fait d’occuper un rôle central à la DGI et de travailler en étroite collaboration avec le PAMORI me procure le respect et la considération de mes pairs et collègues. »

Au-delà des obstacles

En 2016, Bérou Dicko a participé à la formation de mise à niveau sur le logiciel SIGTAS. Reconnue par les formateurs et les conseillers du PAMORI II pour ses compétences techniques et son éthique au travail, elle a été sélectionnée pour suivre une formation avancée destinée aux super utilisateurs et formateurs sur SIGTAS. Malgré son hésitation initiale à assumer un tel rôle, ses collègues et l’équipe du projet l’ont encouragée à relever le défi. Elle reconnaît, cependant, que sa réussite n’a pas été sans obstacle. En effet, face au refus de son supérieur pour qu’elle assiste à ces formations, elle a décidé d’utiliser ses propres congés annuels pour les suivre, tout en continuant d’assumer ses tâches régulières. « Malgré les problèmes que j’ai dû surmonter pour y arriver, j’étais très motivée ». Cela a certainement porté ses fruits puisqu’aujourd’hui, madame Dicko est devenue une référence quant à l’utilisation du SIGTAS 3.0.

Ces témoignages ne sont que trois exemples parmi plusieurs. Tout en reconnaissant la ténacité et le dynamisme de nombreux fonctionnaires travaillant au sein des gouvernements des pays en développement, il va sans dire que l’impact des projets d’assistance technique, tels que PAMORI I et II, est souvent plus important que ce qui est de fait reconnu. Ainsi, de nombreux projets sont facilitateurs de changement tant au niveau organisationnel qu’individuel.

À la lumière de leur expérience, ces trois femmes ont tenu à encourager les autres femmes impliquées dans les métiers des finances publiques, à prendre en main leur propre réussite et à profiter de toutes les opportunités afin de relever les défis qui se présentent. Selon madame Coulibaly, il est essentiel pour réussir « d’avoir confiance en soi, de surmonter les préjugés, tout en démontrant le plus grand respect vis-à-vis des autres. »


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